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Ça y est, c'est le point de chute. C'est dès maintenant que j'ai décidé de devenir moi-même. À travers la vie de fous, petite pause pour se reconnecter avec les vraies affaires...

lundi 28 juin 2010

Aimer les gens

Moi, je ne me gêne pas pour dire que j'aime les gens. Je les aime autant que je haïe parfois leurs comportements.

Évidemment, je ne promène pas en criant: «Je vous aime, les gens», parce que je ferais pas long feu.
Je verrais une voiture de police débarquer et m'emmener à l'urgence, mon ancien lieu de travail.
On me questionnerais à savoir si j'ai toute ma tête, si je suis en psychose ou autre.

Donc, on ne peu dire à un inconnu qu'on l'aime, cela semble incongru.
Il est donc logique de l'exprimer d'autres façons...

J'ai choisi le métier d'infirmière parce que j'aime les gens (bien qu'il y avait là aussi un intérêt monétaire).
 L'urgence, pour les côtoyer de façon brève parce que c'est souvent là qu'ils sentent le plus démuni devant la maladie. Le mot le dit, il y a urgence...physique ou psychologique. Je rappelle souvent aux gens que ce n'est pas parce ça ne saigne pas que ça ne fait pas mal...

J'ai fait du bénévolat des années pour la Croix-rouge. J'ai donné du temps. Pas autant que je l'aurais voulu mais bon... J'ai fait aussi du bénévolat pour un festival, comme directrice de la programmation
pendant plusieurs années aussi. Faut pas soigner que le corps dans la société, faut aussi s'occuper des autres sphères. J'ai fais du bénévolat pour les associations sportives de mes enfants, en temps ou en bouffe, c'est selon.

J'ai donné du temps en jasant avec des sans-le-sous dans la rue qui m'ont sourit sans rien demander en seulement me disant: «Bonjour, belle demoiselle, c'est une belle journée,non?». Et plutôt que de presser le pas, maintes fois j'ai pris le temps de jaser et sans faire la morale, en quittant, leur ai demandé de prendre soin d'eux, de la coquille parce que le centre me semblait en pleine forme. J'ai donné du temps, en jasant avec tel monsieur âgé, assis seul et triste devant un café, lui demandant si je pouvais m'assoir avec lui parce que j'aimais bien discuter et philosopher. J'ai donné du temps en écoutant telle dame qui avait besoin de me parler de sa solitude dans sa chambre d'hôpital, ou l'étudiante en pleurs qui se trouvait moche, délaissant les millions d'autres choses à faire lorsque j'enseignais. Je finirai ma journée plus tard, c'est tout.

J'ai donné de l'argent, lorsque je le pouvais. Pour des gens ici et des gens ailleurs. Pour la recherche sur la maladie, pour des centres d'aide, pour des sinistrés, pour des causes perdues d'avance (mais qui sait si un peu de blé renverserait la situation), à des téléthons, à des itinérants, pas souvent à des joueurs de musique de rue mais parfois, quand ils sont sans talent. À des jeunes avec un rat sur l'épaule et un coat de cuir illustré au dos d'un gros signe anarchie. Au rare squeegee de Québec, m'excusant de n'avoir que  20 sous à lui donner pour son service: 
«Faites-vous en pas, madame, c'est moi qui doit vous remercier».
- Non, c'est moi qui te remercie. Tu vois, ça me remet dans la face la chance que j'ai. Bonne journée, fais attention à toi.

J'ai donné de la bouffe. Le plus souvent pour les paniers de Noël. Je me suis toujours efforcée de sortir ce que j'avais de mieux de mon garde-manger, me disant que des ti-pois pis de la soupe aux tomates, pis du Kraft Diner, y en mangeaient à l'année. et qu'ils méritaient bien un repas digne de ce nom. J'ai donné des jouets usagés, j'en ai acheté aussi des neufs. Même les enfants pauvres ont le droit d'avoir des jouets neufs. J'ai donné des vêtements usagés...et des neufs aussi.

L'année dernière, à Oaxaca, une fillette au visage couvert de saletés tournait autour de la table à laquelle je venais de m'assoir. Elle rigolait des grimaces que je lui faisais. Je venais d'acheter des bonbons pour rapporter à mes enfants. Je lui ai tout donné. Elle s'est assise à la table et nous avons joué avec elle. Sa maman vendait des  pacotille un peu plus loin. Je n'ai pas racheté de bonbons pour mes enfants.

Certaines langues de vipères pas très propres diront que c'est pour me donner bonne conscience,  pour me flatter. Elles auront en partie raison. Mais c'est surtout parce que j'aime les gens.


8 commentaires:

  1. Nous ne doutons pas de votre amour, on se sent aimé! Voilà pourquoi nous vous lisons. Sans compter que nous vous aimons aussi!

    Accent Grave

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  2. Que les langues de vipère disent bien ce qu'elles veulent. Ce sont souvent des gens dévorés par la jalousie qui sont incapables de donner eux-mêmes.

    Tu vois, moi aussi j'aime les gens. C'est bien ce qui me fait hésiter de quitter mes soins intensifs pour aller au bloc op! Continue, on t'aime de même!

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  3. @ Accent Grave
    C'est gentil merci. J'avais simplement envie de le partager.

    @ Ze Nurse
    Tu sais, tes patients dans le coma aux soins, tu les aimes quand même...parfois plus quand ils dorment, ça dépend lesquels! As-tu l'impression que tu les aides moins? Je crois pas. Ceux du bloc ont autant besoin de toi que ceux aux soins ou ailleurs. Ce sont les mêmes. Et pour l'équipe, c'est la même chose. Ils ont les mêmes ambitions, le même fond de valeurs humaines que toi.

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  4. Je fais partie de la même race...et parfois on a l'air des extra-terrestes...!!

    Pas grave, continuons...

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  5. Je suis d'accord avec toi... je me suis mal exprimée, ce que je voulais dire plutôt c'est que le contact parle parle jase jase avec mes patients risque de me manquer au bloc... ils dorment pas mal dur!!

    J'ai beaucoup de plaisir à interagir avec mes patients, même les intubés. Au bloc, on les aide a'une autre façon mais je suis pas certaine que je vais aimer à long terme... le contact avec les patients risque de me manquer...

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  6. @ Ze Nurse
    Je comprends. C'est trop technique pour moi. Ça manque de relations humaines. C'est pas mal mon dernier choix, après la géronto. Pas parce que j'aime pas les vieux mais parce que ça me ramène trop à ma future décrépitude. :(

    @ Marie
    Comme les moutons bêlent, autant être chef d'orchestre.

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  7. C'est tout à ton honneur, il en manque des comme ça. J'ai de la difficulté à aimer d'office, mais la misère humaine vient aussi me chercher. C'est dans quelle condition que ton amour devient plus difficile à donner à quelqu'un?

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  8. @ Yano
    Quand les gens sont injustes et méchants volontairement, quand ils blessent des gens que j'aime. Ils perdent le droit à ce que j'ai à offrir, mais c'est réversible.

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