Dans un billet précédent, j'ai parlé à travers mon chapeau! Méa Culpa.
Je disais ceci:
Il est plus facile pour une femme de demander de l'aide lorsque ça ne va pas. Vrai. Il y a énormément de prévention faites chez les femmes, de facilités à obtenir de l'aide, de parler, de se rendre en clinique pour consulter. Vrai. Elles ne seront pas jugées (partiellement vrai), les gens seront compatissants, compréhensifs. Cependant, on croît à tort qu'il y a peu de ressources pour les hommes. Faux En fait, le problème n'est pas de trouver des ressources pour eux, c'est de s'y rendre... Vrai Il suffit d'une petite recherche sur internet pour tomber sur des pages et des pages de ressources. Vrai et Faux.
Ce que j'ai constaté, en creusant ma recherche un peu plus, c'est qu'effectivement, il y a beaucoup de ressources si vous êtes un homme violent et/ou suicidaire. Hors, tout homme n'est pas violent ou suicidaire (même si cela est bien présent et inacceptable). Certains ont seulement besoin d'une aide individualisée. Comment se prendre en main lorsqu'on est en crise? L'idéologie de l'homme fort et viril étouffant ses émotions persiste toujours. Je ne crois pas qu'offrir un soutien amélioré nuirait aux femmes, à leur revendications, à leurs acquis. Je crois même que tous en sortirais grandit Il serait faux de prétendre que la montée féministe, si louable soit-elle, n'a pas ébranlé les assises de la condition masculine. Ça a amené les hommes à se questionner, à se mettre en doute et à se chercher une nouvelle identité masculine. Apprendre à modifier des comportements ou des idéologie n'est pas évident. Il y a de quoi s'y perdre et se réformer est encore chose difficile. On est passé de l'homme dur à l'homme rose(mou), puis du métrosexuel à l'ubersexuel. Si ce n'est pas une crise identitaire alors, je vois pas... La génération qui nous suit, a, je l'espère, une pensée plus socialiste de la chose. Les garçons sont, et ça aussi je le souhaite, élevés en considérant la femme comme égale. Reste à voir ce que cette génération en fera, avec de l'aide de leur prédécesseurs. Un masculin sain et une fémité assumée. N'est-ce pas ce qui est recherché.
Il reste des luttes à continuer ou à entreprendre pour une pleine reconnaissance des droits féminins: l'équité salarial, la conciliation travail-famille, l'accès à des postes importants au travail, et l'égalité dans le couple. Nous vivons encore dans un patriarcat social au sein d'un matriarcat psychologique. Comment s'en sortir sans l'apport de l'autre? On ne peut pas diviser la société en deux camps. On ne peut dire qu'il faut s'occuper des femmes, des enfants, des adolescents, des gays, des handicapés et laisser les hommes en mutation sans ressource. Tout comme la femme qui a besoin de soutien féminin, l'homme a besoin d'un soutien masculin. La transformation de la masculinité nécessite aussi des services sociaux qui sont adaptés à eux. Il manque fondamentalement d'études sur le sujet (d'après mes propres recherches...), donc de ressources appropriées.
Dans ma pratique infirmière, j'ai appris à partir de la philosophie humaniste et relationnelle selon Maslow et le modèle conceptuel de Virginia Henderson. Selon l'OMS, la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
Toujours selon l'OMS, la mission des soins infirmiers dans la société est d’aider les individus, les familles et les groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel physique, mental et social et à y parvenir dans le contexte de l’environnement dans lequel ils vivent et travaillent. Ceci exige que les infirmières apprennent et assurent des fonctions ayant trait au maintien et à la promotion de la santé aussi bien qu’à la prévention de la maladie. Les soins infirmiers englobent également la planification et la mise en œuvre des soins curatifs et de réadaptation, et concernent les aspects physiques, mentaux et sociaux de la vie en ce qu’ils affectent la santé, la maladie, le handicap et la mort. Les infirmières permettent la participation active de l’individu, de sa famille et de ses amis, du groupe social et de la communauté, de façon appropriée dans tous les aspects des soins de santé, et encouragent ainsi l'indépendance et l’autodétermination. Les infirmières travaillent aussi comme partenaire des membres des autres professions impliquées dans la prestation des services de santé.
Ce sont là les valeurs qui m'ont été apprises dans ma profession et auxquelles j'ai adhéré. Alors, comme infirmière et comme individu en société, je ne peux me mettre la tête dans le sable.. Je le répète, il manque de ressources adaptées et appropriées pour les hommes en difficultés. Comme je n'ai trouvé d'autre études approfondies que le rapport Rondeau, je le cite de nouveau:
Il reste des luttes à continuer ou à entreprendre pour une pleine reconnaissance des droits féminins: l'équité salarial, la conciliation travail-famille, l'accès à des postes importants au travail, et l'égalité dans le couple. Nous vivons encore dans un patriarcat social au sein d'un matriarcat psychologique. Comment s'en sortir sans l'apport de l'autre? On ne peut pas diviser la société en deux camps. On ne peut dire qu'il faut s'occuper des femmes, des enfants, des adolescents, des gays, des handicapés et laisser les hommes en mutation sans ressource. Tout comme la femme qui a besoin de soutien féminin, l'homme a besoin d'un soutien masculin. La transformation de la masculinité nécessite aussi des services sociaux qui sont adaptés à eux. Il manque fondamentalement d'études sur le sujet (d'après mes propres recherches...), donc de ressources appropriées.
Dans ma pratique infirmière, j'ai appris à partir de la philosophie humaniste et relationnelle selon Maslow et le modèle conceptuel de Virginia Henderson. Selon l'OMS, la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
Toujours selon l'OMS, la mission des soins infirmiers dans la société est d’aider les individus, les familles et les groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel physique, mental et social et à y parvenir dans le contexte de l’environnement dans lequel ils vivent et travaillent. Ceci exige que les infirmières apprennent et assurent des fonctions ayant trait au maintien et à la promotion de la santé aussi bien qu’à la prévention de la maladie. Les soins infirmiers englobent également la planification et la mise en œuvre des soins curatifs et de réadaptation, et concernent les aspects physiques, mentaux et sociaux de la vie en ce qu’ils affectent la santé, la maladie, le handicap et la mort. Les infirmières permettent la participation active de l’individu, de sa famille et de ses amis, du groupe social et de la communauté, de façon appropriée dans tous les aspects des soins de santé, et encouragent ainsi l'indépendance et l’autodétermination. Les infirmières travaillent aussi comme partenaire des membres des autres professions impliquées dans la prestation des services de santé.
Ce sont là les valeurs qui m'ont été apprises dans ma profession et auxquelles j'ai adhéré. Alors, comme infirmière et comme individu en société, je ne peux me mettre la tête dans le sable.. Je le répète, il manque de ressources adaptées et appropriées pour les hommes en difficultés. Comme je n'ai trouvé d'autre études approfondies que le rapport Rondeau, je le cite de nouveau:
À la suite d’une demande du Comité, un inventaire des ressources et des services disponibles en matière de prévention et d’aide aux hommes a été réalisé en 2003 par le chercheur Germain Dulac. Selon cet inventaire, sur les deux mille huit cents (2 800) ressources présentes au Québec, 76 au total s’adressent exclusivement à une clientèle masculine, ont une approche spécifique de genre et ne sont pas assimilables aux ressources courantes du réseau des services sociaux.
Les régions de Montréal et de Québec rassemblent près de la moitié de ces ressources. Ce sont les programmes qui s’adressent aux conjoints ayant des comportements violents qui constituent le plus gros contingent. L’émergence et le développement des services pour les hommes a commencé au début de la décennie 1980. À la fin de celle-ci, trente-huit pour cent (38%) des ressources actuelles étaient déjà en place. Les mandats les plus souvent réalisés concernent l’aide et l’intervention (41%) et la promotion et la prévention
(30%).
Plus de la moitié des ressources pour hommes recensées ont moins de cinq employés et cinquante pour cent (50%) de cette main d’oeuvre travaille à temps partiel. Certains types de ressources, comme celles qui travaillent auprès des pères séparés ou divorcés ne comptent aucun employé à temps plein. Les ressources pour les conjoints ayant des comportements violents disposent d’un peu plus d’employés à temps plein, mais comptent peu ou pas de bénévoles.
La clientèle qui fréquente plusieurs de ces ressources provient du réseau judiciaire et de celui de la Santé et des Services sociaux. Les références individuelles ne comptent que pour quinze pour cent (15%) dans le recrutement de la clientèle. Le nombre de clients desservis varie selon la nature des services offerts. On se rappellera à cet égard qu’une adaptation des services aux besoins des femmes a déjà donné lieu à une refonte en profondeur des pratiques au cours des années ‘80 ; il s’agirait de procéder de la même manière à l’égard des hommes.
Chez les organismes qui font de l’intervention individuelle, la clientèle rejointe dépasse rarement 200 personnes par année alors que, lorsque l’organisme réalise des activités destinées à des groupes, comme des
conférences ou des évènements, il rejoint beaucoup plus de monde.
Les administrations gouvernementales et para-gouvernementales constituent les plus importantes sources de financement des 76 ressources recensées alors que l’entreprise privée et les organismes caritatifs viennent en seconde place. Toutes les ressources ayant répondu au questionnaire ont mentionné avoir recours à l’autofinancement. Celui-ci compte pour 30% des revenus chez les deux tiers des organismes rejoints. Ceux-ci sont en majorité regroupés à l’intérieur de structures provinciales. Près de la moitié des ressources communautaires pour hommes doivent composer avec des revenus annuels inférieurs à 100 000$. Parmi celles-ci, un bon nombre ont des revenus qui n’atteignent même pas 25 000$. Les ressources éprouvent toutes des difficultés financières. Comme conséquence de ces difficultés, plusieurs ressources sont aussi affectées par un manque chronique de ressources humaines spécialisées, attribuable aux problèmes qu’elles ont à attirer et à retenir de telles personnes en emploi, étant donné leurs difficultés financières. Pour les mêmes raisons, elles ont des problèmes à se développer et à croître.
La situation est à ce point préoccupante que certains organismes ont dû fermer leurs portes entre le début et la fin de l’inventaire.
Ceci étant dit, il faudrait bien que les choses bougent. Ceci n'enlève rien aux femmes et aux ressources dont elles ont besoin. Il suffit
Je dirais qu'il y a peu de centres pour hommes violents ou en détresse si on les compare à toutes les autres ressources existantes. De même, à ce que je sache, il n'existe aucun centre pour hommes battus alors qu'on sait, dans les faits et loin des tabous, que cette situation existe...
RépondreSupprimerAu départ, il est reconnu que les hommes ont davantage de difficulté à tisser un réseau social et à établir des relations significatives. Dans une situation de détresse, ce genre de filet de sécurité est donc absent chez les hommes tandis que, chez les femmes, il joue un rôle essentiel.
De plus, encore aujourd'hui, les hommes ont de la difficulté à exprimer leur détresse quand ils n'ont tout simplement pas honte de le faire. La situation s'améliore, je crois, mais il y a encore du chemin à faire.
De même, on commence à assister légalement à une plus grande reconnaissance du rôle du père dans le cas des gardes partagées.
Toutes ces considérations montrent bien que notre société évolue dans un bon sens. Par contre, je ne suis pas convaincu qu'il existe autant de services gouvernementaux pour les hommes en détresse. Il est dangereux de se livrer avec des comparaisons avec ce qui existe pour les femmes parce qu'on pourrait être tenter de déshabiller Jeanne pour habiller Jacques. Mais en travaillant qu'à réparer les dégâts causés par des crises reliés à des hommes et non pas sur les causes de celles-ci et en ne donnant pas à notre société des moyens de prévenir ces crises, on n'avancera pas beaucoup.
À cet égard, le gouvernement a, à juste titre, beaucoup investi pour amener les femmes à dénoncer les abus dont elles sont victimes et à exercer une répression quant à la violence conjugale (en l'associant constamment aux hommes, soit dit en passant). Sauf qu'on a peu investi en matière de prévention et de publicité pour inciter les hommes à utiliser des ressources pour éviter de commettre des actions regrettables. Peut-être simplement parce qu'il n'existerait pas actuellement assez de services pour répondre aux besoins de ceux-ci?
De mémoire, je me souviens que la publication du rapport Rondeau avait suscité une certaine colère chez des féministes qui y voyait un rapport anti-féministe.
En terminant, j'aime bien cette phrase: «Nous vivons encore dans un patriarcat social au sein d'un matriarcat psychologique.»
Vous illustrez tellement bien ma pensée. Merci de cet apport enrichissant (en tout cas, pour ma part).
RépondreSupprimerCe que je vais tenter de répondre va faire suite aux deux derniers billets. En espérant ma pensée claire et précise….mais je pourrais écrire longuement…( en 2 parties justement car trop long!!)
RépondreSupprimerD’abord Newton, je suis heureuse de lire que tes questionnements, mythes, préjugés et discours se font rares dans les hommes qui t’entourent….Toutefois, ironiquement, moi, c’est tout cela que j’entends à répétition et tu as pu me démontrer, en nommant facilement et clairement tes questions, que tout ce discours est bel et bien intégré dans notre société.
Par ailleurs, les hommes sont-ils vraiment " en état de choc " du fait que les femmes aient depuis 40 ans accès au divorce et disposent d’une relative autorité parentale ? Sont-ils réellement en « état de choc » pour sentir une « déconstruction » de leur identité masculine, mais ne serait-ce pas plutôt un ajustement social de tous les acteurs et actrices qui, depuis quelques décennies seulement, contribuent à changer des idées, des modes de fonctionnements très enracinés dans le patriarcat ? Si la religion et la politique ont ébranlé la condition masculine, je ne pense donc pas que ce soit le féminisme qui ait ajouté des doutes dans leur identité, mais plutôt le fait que le tout ait ébranlé justement le patriarcat. Ceci dit, je pense et persiste, l’avènement du féministe et les avancés pour les femmes (qui se poursuivent toujours, heureusement) n’enlèvent rien aux hommes…toutefois je sens que certains se sentent réellement menacés….mais pourquoi cette peur ? Pourquoi ce « sexe » qui a été longtemps un dominant et oppressant, se voit menacé et troublé quand les femmes arrivent à se faire entendre, répondent de plus en plus à leurs besoins par elles-mêmes, etc. ?
Chanceuse tu es Newton de ne jamais avoir entendu un homme nommer qu’il devrait y avoir moins d’aide pour les femmes et seulement mieux gérer….les budgets des centres d’aide pour femmes sont constamment remis en questions, scrutés, demandés par les groupes d’hommes, veulent des comptes précis, des justifications injustifiées, etc. En effet, les hommes doivent avoir du financement et des ressources et comme tu le dis, il y en a déjà, peu oui et répondant réellement, je ne crois pas non plus. Les hommes peuvent faire valoir leurs droits et leurs problèmes sans tenter d’accaparer et de s’approprier les ressources créées pour contrer l’inégalité dont ils profitent. Il serait plus équitable qu’ils fassent valoir leurs besoins dans leur propre instance, sur la base des mérites en cause, au lieu de faire des déboires de certains hommes un prétexte pour accroître les privilèges de tous les autres (en faisant reculer les droits des femmes et des enfants).
Quant à la santé des hommes, je crois que Monsieur Rondeau n’a retenu des statistiques du MSSS que celles qui servaient son propos. [Et comme pour beaucoup d’autres points dans ce rapport, il a malheureusement jonglé avec les statistiques (ce qu’il, en passant, reproche aux féministes). De toute façon, cet homme n’a pas pour moi de crédibilité du moment qu’il nomme et persiste que la violence conjugale est un problème systémique et non de société (en exemple… !)….selon lui, cette problématique relève d’un partage égale de responsabilité de l’homme et de la femme et ensemble (dans leur couple je fais ici référence), ils trouveront solutions]. Il y en a beaucoup d’autres, méritant un examen plus attentif. Si je regarde autour de moi, comme ça, qui vivent des problèmes de santé mentale et physique à long terme, ce sont surtout des femmes, ce que vérifient les statistiques sur la consommation de médicaments et le recours au réseau de santé, entre autres.
(2e parte)
RépondreSupprimerÉgalement, cette donnée de 50% plus de femmes suicidaires, correspond d’ailleurs de près aux niveaux plus élevés de dépression et de pauvreté constatés chez les femmes, en regard des mêmes facteurs chez les hommes. Mais il faut croire que « c’est plus grave quand ça arrive à un gars ». Et je n’embarque pas dans les chiffres faisant état, dans la portion hommes, de ceux étant identifiés comme homosexuels, etc. Quel est ce malaise (ou portion plutôt) se retrouve chez l’homme dit « viril » donc ? (si c’est que cette impression de perdre le contrôle et non leur identité ??)
Si les hommes, moins nombreux que les femmes à attenter à leurs jours, sont plus nombreux à « compléter » un suicide, c’est apparemment en raison de leur préférence pour des méthodes plus physiques, " efficaces " (armes à feu, pendaison, chute, collision en voiture, etc.). Le retrait des armes à feu du domicile des hommes violents et contrôlants éviterait sans doute bien plus de décès que la manipulation de statistiques et l’exploitation du désespoir à des fins politiques, par ceux qui cherchent à nier la position privilégiée des hommes
S’il pourrait être important de travailler à inciter les hommes à fréquenter davantage les ressources, et de modifier globalement ces ressources pour qu’elles soient plus accueillantes pour les hommes ET pour les femmes, il importe de ne jamais mettre de côté nos valeurs d’égalité sociale, de ne pas céder à la panique créée par les masculinistes-conservateurs et ainsi recréer les conditions propices aux rétablissement d’un patriarcat plus fort et meurtrier que jamais. Ne laissons pas les hommes favorisés profiter de la misère d’autres hommes, misère qu’ils contribuent globalement à créer, pour consolider leurs privilèges illégitimes.
Pour Francine Descarries, professeure de sociologie de l’UQAM, il ne faut surtout pas comparer le masculinisme et le féminisme. « Le féminisme est un mouvement social avec un projet de société. Le masculinisme, c’est un petit groupe d’hommes qui croient que les femmes sont responsables des problèmes de la société. » Je cite également Francis Dupuis-Déri : « Les masculinistes actifs agissent dans des lieux d’influence : "la télévision, dans des revues à grand tirage en commission parlementaire. Ce n’est pas un phénomène marginal, car ces groupes reçoivent l’appui de politiciens, d’universitaires, d’intellectuels." Et il ajoute : "Le discours antiféministe, c’est la pointe de l’iceberg. Beaucoup d’hommes pensent que les femmes sont trop puissantes. »
En réalité, ce que le féministe veut n’est pas complexe et irréalisable…c’est travailler l’autonomie de chacun des sexes, soit l’empowerment, dans le but de s’épanouir ensemble dans la société. Oui, je le reconnais, on demande depuis peu, sans formules de politesse et sans possibilité de refus, de changer. Mais qui a-t-il de mal à changer, lorsque ce changement est porteur d’égalité, que nous avons le pouvoir concret de révolutionner des rapports sociaux, en commençant par notre seule volonté ? C’est après tout ce que nous demandons à chaque jour à toute et chacun lorsque nous luttons contre le capitalisme, contre la privatisation de l’éducation, contre la guerre. Nous demandons aux autres ce que « les hommes ont de la difficulté à faire et accepter » : accepter le dévoilement de leur position sociale, reconnaître leurs privilèges, travailler à les abolir pour que cesse l’oppression et ce tant dans les comportements quotidiens que dans la société au sens large.
(3e partie)
RépondreSupprimerLes changements qu’on leur demande ne peuvent être effectués uniquement sur le mode passif. Bien que la remise en question de leurs comportements machistes doive partir de l’écoute attentive et active des revendications des femmes de notre milieu, ils ne doivent pas attendre qu’une féministe pointe chaque élément problématique pour réagir : ce n’est pas à elle d’avoir à porter le fardeau de la preuve et à être constamment prise au piège dans le rôle de la dénonciatrice « casseuse de party ». Constamment attendre la critique devient une manière efficace pour éviter la critique : la personne qui dénonce, stigmatisée et isolée, à bout de patience et de souffle, finit par abandonner la dénonciation….et là, les écarts se font, malheureusement.
Une réelle compréhension du message des femmes qui interrogent leurs attitudes doit mener à une intériorisation du message et à une responsabilisation. Attention, cela ne signifie pas de se prendre de culpabilisation, de s’auto-flageller et de s’accabler de tous les maux de la terre : même si la culpabilisation est un processus par lequel il arrive à plusieurs de passer, soit par sentiment d’impuissance, par vertige devant le chemin à parcourir, par le désespoir créé par la prise de conscience de leur position sociale d’oppresseur - position à laquelle ils ne sont pas habitués et qui ne constitue pas une identité agréable à porter. Il importe de dépasser ce stade, absolument stérile, de la réflexion, et de tenter de comprendre la critique qui leur est faite. Cette compréhension passe par une écoute attentive des femmes : n’ayons pas peur de questionner, sans insister et sans pression, les femmes et hommes féministes, qui se feront généralement un plaisir de nous expliquer leur pensée si la demande semble honnête et sincère. Il ne faut pas non plus craindre de consulter la littérature féministe, qui est souvent plus accessible que l’on pense : nos mêmes consoeurs se feront certainement un plaisir de suggérer quelques lectures qui les ont elles-mêmes aidé à prendre conscience de leur situation.
Une prise de conscience active et dynamique aide à se sortir du schème de culpabilité et à répondre de manière plus appropriée aux revendications féministes. De plus, cela peut contribuer à faire mentir le dicton (véridique) qui dit : derrière tout homme proféministe se trouve une (ou plusieurs) féministes épuisée(s)… Intérioriser cette critique féministe demande des hommes l’intériorisation d’un idéal social dans lequel les hommes et les femmes seraient tout bonnement équivalents, ce qui permettrait à tout individu, homme ou femme, de s’accomplir dans une diversité dépassant la barrière fausse des sexes (barrière maintenue par l’existence même des sexes).